Organisations paysannes (OP) comme acteurs clefs dans une bonne gouvernance des filières rizicoles en Afrique de l’Ouest - projet terminé

Organisations paysannes (OP) comme acteurs clefs dans une bonne gouvernance des filières rizicoles en Afrique de l’Ouest - projet terminé

Les organisations de producteur de riz d'Afrique de l'ouest renforcent leurs capacités. Ceci dans le but, d'une part, de construire une vision partagée du développement de la filière riz en Afrique de l'ouest, d'autre part, de formuler des propositions concrètes et mieux négocier avec les privés et les décideurs pour l'amélioration des cadres politiques et réglementaires des chaines de valeur du riz au niveau national et régional.

Contexte

La quasi-totalité du riz est produite par des agriculteurs familiaux en Afrique de l'Ouest. Cependant, les organisations des riziculteurs sont encore peu perçues par les états, comme des partenaires à part entière dans le développement de la filière riz. En conséquence, elles sont peu impliquées dans la définition des politiques de développement de la riziculture quand bien même elles doivent participer à leur mise en oeuvre et qu'elles en sont les premiers bénéficiaires. Leur implication dans les transactions commerciales se limite dans bien des cas à la vente de leur riz à une société d’Etat à un prix fixe. Dans les cas les plus graves, les bonnes intentions de l’Etat deviennent des facteurs de nuisance pour les producteurs, ou des facteurs perturbateurs du marché au détriment des producteurs (cas des importations sans prise en compte du disponible local).

Les défis

Cette situation est favorisée par la faible capacité d'analyse des OP (analyse de la filière et des politiques qui la régissent), qui limite leurs capacités à négocier et dialoguer avec le secteur privé et /ou public. Elle est également la conséquence de leur faible capacité d'analyse du marché, de formulation de stratégie de plaidoyer pour influencer les politiques en leur faveur.

Amener les acteurs (les producteurs et productrices, les transformateurs et transformatrices du riz national) censés les mettre en œuvre et en être les bénéficiaires primaires à mieux s'impliquer dans la formulation des politiques nationales et régionale en matière de sécurité alimentaire devient une nécessité dans ce contexte.

C'est le défi qu'ont décidé de relever ensemble un consortium d'ONG (Rikolto, SOSFAIM, GLOPOLIS, AFRIQUE VERTE MALI) et le cadre de concertation des producteurs de riz du ROPPA à travers la mise en oeuvre de ce projet à partir de janvier 2014 pour une durée de trois ans.

Objectif du projet

L´action vise ainsi à rendre les chaînes de valeur du riz en Afrique de l’Ouest plus durables et compétitives afin qu´elles contribuent à la sécurité alimentaire de la région.

Plus spécifiquement, elle vise à renforcer les organisations paysannes (OP) afin qu´elles influencent la formulation et l’exécution des politiques publiques et la gouvernance des chaînes de valeur du riz, en faveur des riziculteurs/trices familiaux locaux au niveau national et dans l’espace de la CEDEAO.

Nos stratégies

La mise en œuvre de l'action s’appuie sur la méthode pour le développement de processus multi-acteurs pour relier les petits producteurs aux marchés modernes. La méthode part d’une bonne compréhension de la chaîne de valeur et de l’environnement institutionnel et politique dans lequel celle-ci se déroule. Une analyse approfondie des dynamiques, contraintes et opportunités de la chaîne mène au développement de nouvelles idées et leur mise en œuvre à travers des expériences pilotes concrètes. La capitalisation de ces expériences permettra de proposer des structures inclusives pour la gouvernance de la chaîne et des modifications à l’environnement institutionnel et politique et ainsi d’adopter des stratégies d’appui au changement durable à ces deux niveaux. Le fer de lance de la méthode est la rencontre et le dialogue entre acteurs de la chaîne, permettant de mieux comprendre les soucis et intérêts des autres en vue de définir des actions gagnant-gagnant, par exemple sous forme de contractualisation de la production pour ainsi répondre aux besoins du marché.

De façon concrète, les principales actions retenues sont : * le renforcement des capacités des OP à analyser les chaînes de valeur et l’environnement politique et institutionnel : pour se faire, les* activités mises en oeuvre* : études diagnostiques de le filière au niveau national et régional, ateliers de partage des résultats de ces études, ateliers de formation sur les chaines de valeur, ateliers d’analyse et de reconfiguration d’institutions-clé

  • le renforcement des capacités des OP à développer des stratégies pour influencer la gouvernance publique et de la chaîne de valeur : les *activités réalisées sont *: ateliers de formulation de stratégies de plaidoyer nationale et régionale, apprentissage sur le tas de techniques de plaidoyer

  • l'appui des OP à intensifier et mieux coordonner leurs relations avec le secteur public et le secteur privé : à cet effet, les principales activités ont concerné : l'organisation de réunions multi-acteurs, l'appui à l'émergence d’interprofessions, la mise en place d’un dispositif d’information et l'organisation d'évènements de communication par les OP

  • l'appui des OP à la formulation et au suivi de la mise en œuvre de propositions concrètes : les activités suivantes ont été menées pour se faire : campagnes de visibilité, actions de plaidoyer, participation du CRCOPR à la Task Force de la CEDEAO, organisation d'une bourse régionale, suivi des transactions issues des contrats commerciaux signés lors de la bourse

  • l'appui des OP à la construction (sur base des pratiques et des expériences nationales) d'une vision régionale partagée sur le développement des chaînes de valeur du riz locales en faveur des exploitations paysannes familiales : des ateliers bilan-capitalisation, des publications des études, d'articles, un atelier de plaidoyer CEDEAO-UE, et des missions de sensibilisation par le CRCOPR ont été organisées pour se faire.

Renforcement des capacités des OP

Les actions du projet ont renforcé les capacités d'analyse des chaines de valeur et de l'environnement politique, les capacités de négociation et de plaidoyer : en effet, les études filière pays, les analyses comparatives réalisées entre filières de pays différents, ont permis aux OP de disposer d’informations actualisées sur les chaines de valeur (potentiel de production, besoins en riz, difficultés des acteurs, etc.), d’apprécier l'impact des politiques mises en œuvre par les Etats après la crise de 2008, d’identifier des thèmes de plaidoyer pertinents. Les restitutions organisées ont contribué à l’harmonisation des connaissances des acteurs sur les différentes chaines de valeur du riz dans les pays. Les formations sur les chaines de valeur et les rencontres multi -acteurs ont contribué à une meilleure compréhension du fonctionnement d’une chaîne de valeur. Les formations en techniques appliquées de plaidoyer et l'appui à la formulation de stratégies de plaidoyer leur ont permis de construire des argumentaires pour négocier avec les autorités et/ou le secteur privé.

Les OP sont devenues plus représentatives et plus légitimes aux yeux des acteurs publics et privés et par conséquent, incontournables notamment sur les questions liées au développement des CVA de riz local.

Les OP sont devenues une force de proposition

Les capacités acquises leur ont permis de devenir une force de proposition. Dans tous les pays d'intervention, elles ont fait des propositions et négocier avec les privés et les autorités. Les leaders renforcés se sont tous engagés activement dans le dialogue politique. Ils ont saisi les opportunités offertes dans tous les pays pour rentrer en négociation avec les différents acteurs. Leurs actions de plaidoyer /négociation ont eu pour effet :

  • L’inclusion des OP dans les achats institutionnels au Bénin, Burkina, Mali, et Sénégal (Au Niger et au Burkina les OP vivaient déjà l’expérience mais au Burkina, la relation avec le MENA a été une première)
  • La responsabilisation des OP pour la conduite des processus de mise en place des interprofessions (Mali, Bénin, implication au Niger)
  • La mobilisation d’alliés au sein des parlementaires et /ou des médias (Mali et Bénin)
  • Le rehaussement du prix d’achat au producteur : de 140 à 150F/CFA au Burkina ; 125 à 130 F/Kg au Sénégal
  • L'obtention du financement de points de vente du riz (Niger)

  • L'expérimentation de relations d'affaires nouvelles entre les acteurs des chaines de valeur : importateurs / femmes étuveuses au Bénin, facilitation par certains transformateurs, de l’accès des OP au crédit campagne auprès de structures de financement au Burkina, pour garantir leur approvisionnement en paddy et honorer leurs engagements pris dans le cadre des achats institutionnels avec le MENA, distributeurs de riz au Niger avec la FUCOPRI suite à l’organisation des soirées pour une consommation citoyenne et de la caravane de promotion du riz à travers le pays.

  • La mise en place au Sénégal d’un modèle de financement intégré entre la FEPROBA et ses partenaires, qui a facilité la signature d’un contrat de commercialisation avec un industriel pour la livraison de 2000 T de paddy destinées au remboursement de crédit.

Tout cela a renforcé leurs relations avec le privé et les autorités.

Création d'interprofessions

Les chaines de valeur se sont mieux structurées et leur gouvernance s’est améliorée. Le projet par la synergie avec d'autres actions en cours, a contribué à l'émergence d'interprofessions au Mali, au Bénin et au Niger.

En fin de projet, 3 interprofessions riz existent et sont fonctionnelles au Burkina, au Mali et au Sénégal avec la présidence assurée par les producteurs. Le processus suivant son cours au Bénin (enclenché grâce à un voyage d’échange réalisé par le CCRB en début de projet au Burkina et fort avancé avec la mise en place des différentes mailles d’acteurs) et au Niger.

Les interprofessions du Sénégal et du Burkina ont été redynamisées :

  • appui par le projet de l’extension du CIRIZ au niveau national : inclusion des OP de la zone sud, telle que FEPROBA, acteur partie prenante du projet ; les acteurs se sont par ailleurs engagé à affiner la structuration des autres maillons à l’image de celui des producteurs, pour les rendre plus représentatifs.

  • contribution à la relance de la dynamique de concertation au sein du CIRB au Burkina Faso.

Au Bénin, au Burkina comme au Mali, les organisations faîtières ont renforcé leurs liens avec leur base grâce à l'implication dans les achats institutionnels. Au Bénin, par exemple, désormais, les unions régionales membres du CCR-B l’appuient dans la mobilisation des acteurs pour l’organisation des différentes rencontres de plaidoyer, la capitalisation des acquis du projet dans les différentes régions.

Gestion de l'information sur le marché

Au Mali un bulletin mensuel a été créé et diffusé tous les mois auprès des acteurs maliens pour mieux les informer sur les offres et sur les demandes, les prix du riz local. Au total 39 bulletins ont été produits au cours du projet et des émissions radiophoniques en langues ont permis de relayer le contenu au niveau des zones de production de riz. Le système d’information ainsi créé a favorisé une meilleure connaissance du marché et constitue pour les acteurs, outil de prise de décision.

Un système d'information sur le marché a été lancé au Burkina à partir de fin 2015 grâce à une synergie d’action avec un projet financé par le CFSI : il s'agit d'une plateforme Web to SMS avec plus de 6000 acteurs abonnés. Le système au Burkina diffuse les informations sur les prix, les offres et la demande par SMS et s’appuie sur la plateforme SIMAGRI développée par Afrique Verte.

Expériences de contractualisation avec le secteur privé ou public

Dans tous les pays, les OP ont vécu au moins deux expériences de contractualisation, soit pour la fourniture de paddy, soit pour la fourniture de riz, avec le secteur privé et/ou le public et avec des niveaux de sécurisation divers. Ces expériences de contractualisation constituent l'aboutissement de l'organisation de Bourses de riz, de l'implication dans les achats institutionnels, de la participation à des foires ou de l'exploitation des informations diffusées sur le marché du riz. La durée du projet n’a cependant pas permis de sécuriser les premières expériences de contractualisation.

Participation à une expérience concrète de bourse du riz

Les OP de chaque pays ont participé toutes à la bourse régionale du riz organisée à Ouaga. Les offres de vente, offres d’achat et la quantité échangée au cours de la bourse régionale ont été respectivement de : offres de Vente de riz : 46 286 tonnes ; intentions d’Achat de riz : 11 700 tonnes ; quantité échangée en bourse : 18 203 tonnes pour une valeur monétaire de 3 029 917 000 FCFA pour 27 contrats signés. Le suivi des engagements pris lors de la bourse régionale a révélé que sur les 27 contrats signés, 13 ont été effectivement conclus, pour un volume total de 1654,85 T de riz échangé et une valeur de 560 127 000 FCFA principalement au Burkina et au Mali.

La participation à la bourse régionale a permis aux acteurs du Niger de prendre conscience de l’urgence à rendre leurs chaines de valeur du riz plus compétitives en travaillant à réduire significativement les coûts de production. Elle a favorisé un début de réflexion sur le commerce du riz au plan régional et permis à l’ensemble des participants des différents pays, de mieux comprendre les enjeux des échanges commerciaux au sein de l’espace CEDEAO, de nouer des relations durables grâce aux premiers contacts établis, et de renforcer les relations d’affaires entre acteurs d’un même pays.

La bourse régionale a suscité l’organisation d’une bourse nationale au Burkina et au Bénin. La bourse nationale du Burkina a enregistré des offres de Vente de riz de 14 003 tonnes, des offres d’Achat de riz de 13 201 tonnes et une quantité échangée en bourse de 12 506 tonnes. 17 contrats d’achat – vente ont été signés.

Une vision régionale partagée sur le développement des chaînes de valeur du riz locales en Afrique de l'ouest

Au niveau régional, les OP partenaires au projet ont pu construire une vision partagée sur la problématique des achats institutionnels diversifiés et inclusifs des agriculteurs familiaux, de la régulation des importations de riz en fonction du disponible local, sur le leadership au sein des interprofessions en cours de mise en place et sur le financement des CVA de riz.

amélioration de la qualité, de la visibilité et de la compétitivité du riz

La visibilité du riz local s'est améliorée grâce aux actions de communication (participations aux foires, caravanes de promotion, soirées pour consommation citoyenne au Burkina, au Bénin, au Mali et au Niger), et aux capacités renforcées en négociation qui ont permis aux OP d’obtenir des financements pour l’ouverture de nouveaux points de vente dans les grandes villes (cas du Niger et du Burkina) ;

La préférence au riz local s’est manifestée par une forte demande du riz produit et transformé dans les pays. Au Niger par exemple, le volume des ventes s’est accru, passant de 399 196 900 FCFA en 2015 à 668 484 550 FCFA de riz vendu en 2016 à travers les points de vente. Elle s’est également manifestée dans certains pays, par les décisions prises par les différents gouvernements (cas du Bénin, Burkina et du Mali pour les achats institutionnels).

La sécurité alimentaire des producteurs s’est améliorée grâce à l’accroissement des revenus constaté suite à la participation aux achats institutionnels, la participation aux activités de promotion, l’implication des supermarchés et semi-grossistes dans le dispositif de commercialisation du riz local qui a permis de négocier de meilleurs prix au Bénin, la participation des femmes étuveuses aux foires/journées promotionnelles, aux achats institutionnels. Cela a impacté le positionnement des femmes dans les CVA de riz étuvé.

Toutes les expériences de contractualisation, en particulier les achats institutionnels, par l’imposition de cahiers de charge contractuels ont contribué à mieux faire comprendre aux producteurs la nécessité d’offrir un produit conforme aux exigences du marché. En conséquence, la qualité du riz offert sur le marché s'est nettement améliorée.

Le riz produit localement s'en est trouvé plus compétitif.

Mesures prises par les autorités

AMASSA AFRIQUE VERTE

AMASSA AFRIQUE VERTE

Personne de contact : Mohamed HAIDARA Email : amassamali@yahoo.fr

GLOPOLIS

GLOPOLIS

Personne de contact : Aurèle DESTREE Tel : + 420 272 661 132 Email : info@glopolis.org ; destree@glopolis.org

SOS FAIM bel/lux

SOS FAIM bel/lux

Personne de contact : Christophe Brismé Rue aux Laines, 4 - 1000 Bruxelles Tel : +32/2 548 06 74 Email : christophe.brisme@sosfaim.ong

CCRB (Conseil de Concertation Des Riziculteurs Du BENIN)

CCRB (Conseil de Concertation Des Riziculteurs Du BENIN)

Personne de contact : KOUTCHIKA Joseph Email : conseil_riziculteurs_benin@yahoo.fr ; josephkoutchika@yahoo.fr

CIRB (Comité Interprofessionnel du Riz du Burkina)

Personne de contact : DIPAMA Théophile Email : cirb01@yahoo.fr

UNPRB (Union Nationale des Producteurs de Riz du Burkina)

Personne de contact : OUEDRAOGO Maïmouna Tel : +226 70 23 96 85 Email : unpr_b@yahoo.fr ; mounadraogo@yahoo.fr

CNOP/Mali (Coordination Nationale des Organisations Paysannes du Mali)

CNOP/Mali (Coordination Nationale des Organisations Paysannes du Mali)

Email : cnopmali@yahoo.fr

PNPRM (Plateforme nationale des producteurs de riz du Mali)

Personne de contact : Seydou KEITA Email : pnprmali@orangemali.net ; seydou_keita@yahoo.fr

SEXAGON (Syndicat des Exploitants Agricoles de l’Office du Niger)

Email : sexagon.syndicat@gmail.com

FUCOPRI (Fédération des Unions de Coopératives de Producteurs de Riz du Niger)

FUCOPRI (Fédération des Unions de Coopératives de Producteurs de Riz du Niger)

Personne de contact : Ayouba HASSANE Email : fucopri@yahoo.fr ; ayoubahy@yahoo.fr

FEPROBA (Fédération des producteurs du Bassin de l’Anambé)

Personne de contact : Mansour BASSOUM Email : feproba.anambe@gmail.com ; mansbassoum@yahoo.fr

UJAK (Union des Jeunes Agriculteurs de Koyli-Wirndé)

UJAK (Union des Jeunes Agriculteurs de Koyli-Wirndé)

Personne de contact : Ousmane LY Tel : +221 33 965 15 05 / 77 567 82 99 Email : kwirndepod@orange.sn ; ouslym@yahoo.fr

CRCOPR/ROPPA (Cadre Régionale de Concertation des Organisations des Producteurs de Riz de l`Afrique de l`Ouest/Réseau des Organisations Paysannes et des Producteurs agricoles de l’Afrique de l'Ouest)

CRCOPR/ROPPA (Cadre Régionale de Concertation des Organisations des Producteurs de Riz de l`Afrique de l`Ouest/Réseau des Organisations Paysannes et des Producteurs agricoles de l’Afrique de l'Ouest)

Personne de contact : Aurélien Alain Godefroy Ayi LAKOUSSAN (Coordonnateur) 9 BP 884 Ouagadougou 09 Tel : (226) 50-36-08-25 / 71 11 97 42 Email : riz_roppa@yahoo.fr ; lakoussana@yahoo.fr