Des résultats au-delà de toute attente, pour un projet dit « soft » (un projet de plaidoyer) !

Des résultats au-delà de toute attente, pour un projet dit « soft » (un projet de plaidoyer) !

26/07/2017
Bernadette Ouattara
Bernadette Ouattara
Food Smart Cities programme coordinator
+226 70 26 86 96

VECO WEST Africa, met en œuvre depuis janvier 2014, le projet intitulé « Organisations Paysannes comme acteurs clefs dans une bonne gouvernance des filières rizicoles au niveau national et régional en Afrique de l’Ouest» en collaboration avec ses partenaires, SOSFAIM, GLOPOLIS, AMASSA Afrique VERTE, le CRCOPR/ROPPA et ses démembrements de la zone de couverture du pays. Le projet bénéficie de l’appui financier de l’Union Européenne et son intervention couvre cinq (5) pays de l’Afrique de l’Ouest : Bénin, Burkina Faso, Mali, Sénégal, Niger.

L´objectif spécifique de l´action est de renforcer les organisations paysannes (OP) afin qu´elles influencent la formulation et l’exécution des politiques publiques et la gouvernance des chaînes de valeur du riz, en faveur des riziculteurs/trices familiaux locaux au niveau national et dans l’espace de la CEDEAO.

La semaine dernière, la délégation de l’Union Européenne au Burkina, à qui il a été confié la tutelle du projet, a rendu visite aux partenaires burkinabè impliqués dans sa mise en œuvre, à savoir le Comité interprofessionnel du riz du Burkina (CIRB) et l’Union nationale de producteurs de riz du Burkina (UNPRB), afin d’échanger sur les actions conduites dans le pays, les difficultés rencontrées et les acquis déjà enregistrés au Burkina.

La visite terrain

La visite a concerné :

  • les écoles C et D de Boromo approvisionnées en riz produit au Burkina à travers des achats institutionnels conclus entre l’UNPRB et le Ministère de l’Enseignement National et de l’Alphabétisation (MENA) : l’obtention de ce contrat avec le MENA étant la résultante d’une action du projet à laquelle le MENA avait été invité en 2014 favorisant ainsi la mise en relation entre MENA et UNPRB : la restitution d’une étude sur les achats institutionnels au Burkina.
  • des acteurs qui ont participé à la bourse régionale du riz de Ouagadougou (tenue en mars 2016) et/ou aux achats institutionnels, et qui ont conclu des contrats d’approvisionnement ou de vente : à cet effet nous avons échangé avec Mr Traoré Boubacari de la rizerie Wend Yam de Bobo, la rizerie Faso Malo de Mr Diakité, l’union des étuveuses de riz de BAMA, membre de l’union nationale des étuveuses de riz du Burkina (UNERIZ), l’union des coopératives de riz de Bama (UCRB), membre de l’UNPRB.

L’UCRB a partagé sa satisfaction de la mise en relation facilitée par sa participation à la bourse régionale : elle a contractualisé avec la rizerie FASO Malo et grâce à ce partenariat l’Organisation paysanne a trouvé un débouché pour sa production, s’est mieux organisée pour assurer la commercialisation des produits de ses membres, a pu accéder à du crédit pour l’acquisition d’intrants ; elle envisage instaurer des prélèvements sur les stocks vendus afin de pouvoir continuer de rendre des services à ses membres. L'union des étuveuses de riz de Bama elle a exprimé sa satisfaction de la concrétisation des achats institutionnels qui lui a permis de réaliser de grosses commandes de paddy en fin 2016 avec trois coopératives membres de l'UCRB.

En fin de visite, il s’avère que le projet essentiellement axé sur le renforcement des capacités des OP à conduire des actions de plaidoyer pour influencer les politiques rizicoles et la gouvernance des chaines de valeur du riz en Afrique de l’Ouest, a engendré des réalisations plus que concrètes. L’UE a marqué toute sa satisfaction des résultats atteints par le projet : d’une action soft (projet essentiellement axé sur le plaidoyer) on a abouti à des réalisations concrètes telles que le début de contractualisation entre les acteurs de la filière. En témoigne :

  • les mises en relations réussies entres les acteurs des chaînes de valeur du riz
  • la réalisation avec succès des achats institutionnels conclus entre l’UNPRB et le MENA pour la livraison de 7000 tonnes riz : les acteurs bénéficiaires de ce riz institutionnel que sont les écoles primaires ont exprimé leur satisfaction sur la qualité du riz livré par l’UNPRB et souhaité que l’OP continue de les approvisionner
  • la concrétisation des contrats conclus lors de la bourse régionale entre l’union des coopératives de riz Bama (UCRB) et un privé transformateur la rizerie FASO Malo d’une part et l’union nationale des étuveuses de riz du Burkina (UNERIZ) d’autre part pour un total de 600 T après la bourse en 2016
  • l’accès facilité au crédit des OP de producteurs visitées grâce aux contrats signés (117 millions de franc CFA mobilisés par l’UCRB après les contrats signés avec la rizerie)
  • le renforcement de leur légitimité (qui s’est traduit par une amélioration du taux de mobilisation des cotisations des membres de l’UCRB – de 50 à 70% - et un regain d’intérêt des membres pour participer aux activités de l’OP)
  • la sécurisation de l’approvisionnement des acteurs de la transformation : l’unions des étuveuses de riz de Bama et la rizerie Faso Malo ont exprimé leur satisfaction à ce sujet
  • la maîtrise des coûts d’approvisionnement par l’union des étuveuses de riz (acquisition du paddy au coût du prix plancher),
  • le renforcement de la confiance entre les producteurs et les femmes étuveuses de Bama.

Le partenariat ainsi tissé entre les acteurs des Chaînes de valeur du riz se renforce et cette année 2017 par exemple, l’Union des étuveuses de Bama a conclu un contrat d’approvisionnement de 1000 T avec l’UCRB.

Perspectives

Il ressort toutefois de cette visite, que les besoins de renforcement des acquis du projet restent d’actualité.

S’il faut se réjouir de ce début de contractualisation entre les acteurs, il importe tout autant de poursuivre les efforts pour que tous les acteurs s’approprient de cette approche de "l'agriculture contractuelle" et en fassent leur principe de travail.

Le défi de la conciliation des intérêts entre les différentes familles d’acteurs de la filière reste également tout entier et des efforts méritent d’être consentis à ce niveau également pour améliorer la gouvernance des chaines de riz au Burkina. La nécessité de renforcer les processus multi-acteurs enclenchés pendant le projet reste de vigueur.

Les achats institutionnels ayant été une réussite, il importe de mener la réflexion avec les communes nouvellement responsabilisées pour assurer la relève désormais du MENA dans l’approvisionnement à travers des achats institutionnels de leurs gros ménages consommateurs, pour continuer d’assurer cet approvisionnement à partir de stocks produits au niveau national en priorité.