Etuvage du riz à gaya au Niger : utilisation des briquettes de balles de riz comme combustible

L’étuvage du riz constitue une activité génératrice de revenus pour les femmes dans de nombreux pays en Afrique de l’Ouest. Cette activité est pratiquée par les femmes pour l’amélioration de leurs conditions de vie. C’est une activité énergétivore au regard des quantités de bois consommées tout au long du processus. C’est pourquoi les partenaires techniques et financiers ont travaillé à mettre au point des dispositifs d’étuvage qui utilise les briquettes de balles de riz comme combustible à la place du bois.

Kits de 40 kgs Photos 1 et 2 : Foyer à balle de riz et les marmites qui vont avec. Dispositif qui permet de transformer au maximum que 40 Kg de paddy à la fois.

Kits de 180 Kgs Généralement, les dispositifs mis au point ne permettent de transformer que 40 kg de riz paddy par kit. VREDESEILANDEN WEST AFRICA (VECO-WA) s’est fixé pour objectif d’amener les acteurs des chaines de valeur à réfléchir/évoluer dans une logique entrepreneuriale. C’est ainsi, qu’avec l’appui des chercheurs, VECO-WA a fait mettre au point des kits d’étuvage qui permettent de transformer des quantités conséquentes en un seul cycle (environ 180 Kg par cycle). En 2014, les femmes étuveuses de Gaya, au Niger, ont reçu de VECO-WA, 5 exemplaires de ces équipements de grande capacité.

Les femmes ont été formées à l’utilisation de ce kit de 180 Kg ainsi qu’à celui de 40 Kg. A la fin de la formation, elles ont relevé que le kit de 180 kg était plus bénéfique car, il utilise à peu près la même quantité de bois que le kit de 40 Kg. L’avantage du kit de 40 Kg est qu’il peut être utilisé avec un foyer qui n’utilise que les balles de riz à l’état pur comme source de combustible. Ce qui n’est pas le cas du grand kit. En effet, tels que conçus, les kits d’étuvage de Gaya, ne peuvent pas utiliser la balle de riz à l’état brut comme c’est le cas des petits kits. Les foyers utilisés dans ces dispositifs d’étuvage utilisent le bois de chauffe, ce qui constitue un obstacle majeur de l’activité au regard du niveau de désertification avancé du Niger.

Comment remplacer le bois par la balle de riz avec ces kits de grande capacité ? C’est la question que s’est posée l’équipe de VECO-WA et son partenaire la Fédération des Unions des Coopératives des Producteur de riz du Niger (FUCOPRI). La seule possibilité qui s’offre est de confectionner des briquettes avec la balle de riz. L’objectif à terme, est de pouvoir remplacer le bois par les briquettes de balle de riz dans le processus d’étuvage.

VECO-WA a fait appel à un spécialiste en confection de briquettes à base de balles de riz à basse pression, pour organiser une formation/ expérimentation avec les femmes de Gaya (du 15 au 19 juin 2015 à Gaya). Il s’agissait de former les femmes à la fabrication de briquettes de balle de riz. Aussi, ce fut une opportunité d’adapter le kit d’étuvage pour permettre une bonne combustion des briquettes une fois confectionnées. Il s’agissait également d’identifier pour la confection des briquettes, les composants les moins coûteux pour les femmes afin que les briquettes constituent réellement une alternative bénéfique pour elles.

La fabrication des briquettes de balle de riz utilise divers matériaux et suit un processus de fabrication. Ainsi, au cours de la formation / test ont été utilisés comme matériaux les produits suivants :

• combustible : balle de riz entière, balle de riz broyée, coques d’arachide broyées ;
• liant : gomme arabique, amidon de manioc ;
• matériel : une presse conçue à cet effet, ustensiles de cuisine pour le dosage des composants.
• Composants des briquettes : de gauche à droite : gomme arabique, balle de riz entière, coque d’arachide pilée, amidon
• Composants des briquettes : de gauche à droite : gomme arabique, balle de riz entière, coque d’arachide pilée, amidon de manioc

Le processus de fabrication suit 7 grandes étapes que sont :

• le broyage des résidus (coques d’arachide et balles de riz) ;
• la préparation du liant (amidon ou/et gomme arabique). Pour la gomme arabique 1 volume de gomme arabique pour 2 volumes d’eau et pour l’amidon 2 volume d’amidon dans 2 volume d’eau froide puis porter 6 à 8 volumes d’eau à ébullition ;
• le mélange des agrégats (par exemple un modèle de mélange : 5 volumes de balles broyées + 5 volumes de coques d’arachide broyées + 3 volumes de balles de riz non broyées + 3 volumes du liant amidon de manioc préparé) ;
• le remplissage des moules ;
• le pressage ou compactage ;
• le démoulage ;
• le séchage des briquettes.

Les femmes ont confectionné plus de 100 Kg de briquettes et retenu la meilleure formule pour que les composants s’adhèrent bien. Il s’agit du liant avec l’amidon car, accessible sur le marché. En outre, la manipulation de ce liant est plus aisée.

Après le séchage des briquettes, vient la phase des tests de combustion. Le foyer n’étant pas conçu pour la combustion des briquettes, une grille de 70 cm de diamètre muni de huit (08) pieds de 15 cm a été confectionnée localement et placée à l’intérieur du foyer pour servir de support des briquettes.

Briquettes sechées Briquettes sèches Les observations suivantes ont été relevées par les femmes :

• les briquettes fabriquées avec la gomme arabique comme liant met trop de temps pour sécher ;
• il importe de respecter les proportions entre balle entière et balle broyée pour favoriser la bonne adhérence des constituants des biquettes ;
• les briquettes ne produisent pas de fumée comme le bois ;
• le temps de trempage et de mise à la vapeur du paddy sont relativement plus courts qu’avec le bois ;
• les briquettes ne se consument pas rapidement en combustion ;
• la combustion ne demande pas trop d’entretien, d’où un gain de temps ;

l’ébullition n’est pas localisée comme avec le bois : elle s’effectue sur toute la surface du produit trempé dans le fût, ceci s’explique par le fait que les briquettes sont disposées sur toute l’étendue de la grille. ….allumage à la pleine combustion des briquettes… ….allumage à la pleine combustion des briquettes…

Les femmes ont décidé de s’organiser en groupe pour la fabrication des briquettes afin, d’en disposer à tout moment. La production des briquettes serait alors planifiée en fonction de la planification de la transformation du paddy. Chaque groupe qui passe pour la transformation confectionne une semaine à l’avance, les briquettes dont il a besoin. Il est donc possible de valoriser énergétiquement la balle de riz avec ces kits et de réduire l’empreinte écologique de l’activité et la rendre ainsi plus compétitive. La réflexion se poursuit actuellement sur comment mettre au point une presse qui permet de produire plusieurs briquettes à la fois.