Les 29 et 30 Novembre 2017, la Direction Générale Coopération au Développement (DGD), l’un des partenaires financiers de Rikolto, et une équipe de la Coopération Belge au Développement de l’Ambassade de Belgique au Burkina Faso ont effectué une visite auprès des partenaires appuyés par Rikolto dans la région des Hauts Bassins et des Cascades. La DGD a été représentée par Mr Corentin Genin en mission au Burkina, et l’Ambassade de Belgique, représentée par Mme Kathelyne Craenen Conseillère et Mr Olivier Savadogo Chargé de Programme.
La DGD rend visite aux partenaires de Rikolto au Burkina
La DGD rend visite aux partenaires de Rikolto au Burkina
Objectif de la visite
La DGD est l'un des partenaires importants de Rikolto, en particulier en Afrique de l’ouest. Saisissant l’opportunité de sa présence au Burkina dans le cadre du dialogue stratégique avec les ACNG belges, elle a décidé de visiter certaines des ONG qu’elle finance, parmi lesquelles, Rikolto !
L’objectif de la visite était d’apprécier concrètement les résultats atteints par le programme 2014-2016 écoulé ainsi que le niveau d’exécution des activités du programme 2017-2021 en cours. L'autre objectif de la mission était de permettre à Mr Genin de la DGD de bien comprendre la synergie-complémentarité entre les programmes de Rikolto et Trias, une ONG belge également financée par la DGD. Rikolto et Trias ont en effet collaboré dans l’accompagnement de l’Union Départementale des Étuveuses de Riz de Douna (UDERD) et de l’Union Nationale des Étuveuses de RIZ (UNERIZ) au cours du programme 2014-2016. Cette synergie se poursuit dans l’appui à l’UNERIZ dans le cadre du programme 2017-2021 en cours.
Les partenaires visités
La mission a visité les partenaires suivants de Rikolto : l’Union Nationale des Étuveuses de RIZ (UNERIZ) du Burkina, l’Union Départementale des Étuveuses de Riz de Douna (UDERD), l’Union Départementale des Producteurs de Riz de Douna (UDPRD) et le Comité Interprofessionnel du Riz Burkina (CIRB). Le bilan de la mise en œuvre du programme 2014 -2016 a concerné l’ensemble de ces partenaires, tandis que le suivi de l’exécution du programme 2017- 2021 a concerné surtout les unions de femmes étuveuses (UNERIZ et UDERD).
Les acquis du précédent programme relevés par les organisations paysannes
Les échanges avec les organisations paysannes (OP) et la visite des réalisations (centre d’étuvage de Douna) ont permis aux visiteurs d’apprécier les changements intervenus dans la vie des agriculteurs suite à l’action de Rikolto au cours du programme 2014 – 2016. Les principaux changements que l’on peut retenir sont : un centre d’étuvage moderne fonctionnel, construit selon le principe de la marche en avant est géré par les femmes étuveuses de Douna. Le principe de la marche en avant, en favorisant une meilleure organisation du travail, permet de réduire les pertes de temps entre les différentes étapes et surtout permet d’assurer la qualité des produits finis ; il permet ainsi une plus grande efficacité du travail et donc un meilleur rendement, élément important pour améliorer la rentabilité de l'activité. Les femmes étuveuses ont eu accès au crédit pour assurer l’approvisionnement en paddy de leur unité (46 millions FCFA en 2014 et 25 millions FCFA en 2015) ; elles ont confectionné des emballages personnalisés pour une meilleure commercialisation de leur production. Le centre est alimenté en énergie par le solaire : éclairage, forage, chauffe-eau, trieuse, machines à coudre les sacs de riz fonctionnent tous grâce au dispositif solaire mis en place. La qualité du riz s’est nettement améliorée, ce qui a permis aux femmes d'accroître le prix de vente du kilogramme de riz étuvé. En effet, le prix de vente du kilogramme de riz est passé de 280 FCFA/Kg en début de programme, à 350 FCFA/Kg (prix en gros) et 500-1000 FCFA/Kg (prix en détail) en fin de programme parce que bien trié et emballé. Il faut rappeler qu'au départ, les femmes ne vendaient pas en gros : chacune vendait son riz au marché. Avec la construction du centre elles ont augmenté les quantités produites et ont recherché de nouveaux débouchés : ce qui les a conduit à accéder aux marchés institutionnels. C'est au niveau de ces marchés institutionnels que se fait surtout la vente en gros. Les femmes disposent d’équipements leur permettant d’étuver en un seul coup, 150 kg de paddy (les kits d’étuvage les plus répandus ne permettent que l’étuvage de maximum 40 kg de paddy). Avec ce matériel elles ont besoin de moins d’énergie pour transformer que les kits de 40 kg. Le programme a donc permis aux femmes étuveuses de Douna de réduire leur pression sur l’environnement. Le centre de Douna a servi de modèle à la construction de tous les autres centres d’étuvage construits après 2014 à travers le pays.
Des échanges avec les acteurs, la mission a également pu constater que le programme a aussi favorisé le renforcement de la concertation entre les acteurs des CVA de riz (grâce à la mise en œuvre du projet "Organisations paysannes comme acteurs clé dans une bonne gouvernance des filières au niveau national et régional en Afrique de l'ouest", cofinancé par la DGD et l’Union Européenne). Les actions de plaidoyer menées dans le cadre de ce projet, ont abouti à la prise d’un arrêté ministériel sur la consommation du riz par les gros ménages du Burkina, à l’obtention d’un prix plus rémunérateur pour leur produit lors des achats institutionnels : accroissement du prix de vente du riz de 10 FCFA/kg avec la SONAGESS (Société nationale de gestion des stocks de sécurité) et de 25 FCFA/kg pour les achats institutionnels avec le MENA (Ministère de L'Education Nationale et de l'Alphabétisation). Les acteurs des CVA ont pu vivre des expériences variées de contractualisation, d’abord entre eux suite à l’organisation de bourses de riz, mais aussi entre eux et le secteur public (SONAGESS, MENA, Communes). Le groupe de plaidoyer du CIRB a été dynamisé et la concertation entre l’interprofession et les structures étatiques s’est renforcée.
Les actions du programme en cours
Concernant le programme en cours, la mission a pu noter que les actions se poursuivent dans le sens de la consolidation des acquis du programme précédent. Ainsi par exemple, UNERIZ avec l’appui de Rikolto développe présentement un modèle d’affaire en franchise pour favoriser l’accroissement des revenus individuels des femmes étuveuses. C’est un fait reconnu de tous : la construction du centre à Douna a permis d’améliorer considérablement la qualité et la présentation du riz étuvé produit par les femmes. Toutefois, du fait de leur nombre important, les femmes se sont organisées pour l’exploiter à tour de rôle. Ce qui ne permet pas à chacune de passer régulièrement et donc limite l’accroissement de leurs revenus. Le modèle alternatif en développement devrait permettre de résoudre cette question. De même, les kits d’étuvage de 150 Kg peuvent encore être améliorés pour en accroître l’efficacité et le programme en cours va s’y pencher. Au niveau du plaidoyer, le programme en cours appuie entre-autre, les OP à poursuivre leur négociation avec les autorités afin que la décision d’approvisionner les gros ménages à partir du riz produit localement devienne une décision pérenne.
La mission a enfin noté avec satisfaction, la complémentarité/synergie entre Rikolto et Trias. Les deux organisations se sont bien réparties les rôles dans l’accompagnement des OP. Rikolto met l’accent sur l’entrepreneuriat des OP, le développement de processus multi-acteurs, la préservation de l’environnement, les bonnes pratiques agricoles, tandis que Trias se focalise sur l’appui organisationnel-institutionnel et l’éducation financière des OP.
Les points de satisfaction de la DGD
En fin de mission, la mission de la DGD a relevé comme principaux points de satisfaction :
- L’effectivité de la professionnalisation des OP par la dynamique entrepreneuriale qui se développe ;
- La promotion des pratiques respectueuses de l’environnement : introduction des énergies renouvelables (le solaire) par les femmes dans l’étuvage ;
- Le développement de la concertation entre acteurs des CVA de Riz
- Une maîtrise de l’approche Chaîne de valeur par les OP ;
- L’effectivité de la pratique de la contractualisation entre acteurs ;
- L’utilisation de la digitalisation au niveau du système d’information sur le marché ;
Monsieur Genin a recommandé de poursuivre et renforcer ces initiatives en cours. Il a aussi recommandé de veiller davantage à la prise en compte des droits des femmes dans les stratégies et actions futures, un aspect de plus en plus important pour la DGD et pour Rikolto.