Dans la province du Sud-Kivu, Rikolto en RDCongo, à travers le programme intégré de croissance agricole dans les grands-lacs, PICAGL, soutient les riziculteurs familiaux à produire en qualité et en quantité pour conquérir le marché. La marche commence par la sélection des bonnes variétés.
Nouvelles variétés, la voie du développement rizicole en territoire de Fizi
Nouvelles variétés, la voie du développement rizicole en territoire de Fizi
Par: Arsène Nyangezi, agronome basé à Sebele
La recherche des variétés adaptées aux conditions agroécologiques du milieu et répondant aux exigences des producteurs, des transformateurs et des consommateurs occupe une place de choix dans l’intensification de la production du riz. Malheureusement, la majorité des variétés de riz utilisées en République démocratique du Congo sont victimes de contraintes biotiques et abiotiques. Elles sont également menacées d’érosion génétique.
Pourtant, quelles que soient les autres conditions réunies, un mauvais choix de la variété conduirait à un échec total du processus d’intensification. C’est pourquoi les services habilités à la recherche et à la gestion des semences sont tenus d’être toujours proactifs pour pouvoir espérer à l’amélioration de la production rizicole des ménages.
Choix variétal
Le choix des variétés de riz est autant lié aux exigences des producteurs qu’à celles des consommateurs. Les producteurs se basent sur le rendement et ses composantes (taux de tallage, nombre de talles fertiles et résistance à l’averse et aux maladies). Les consommateurs, eux, veulent un riz salubre et de qualité. Les composantes de la « qualité » recherchée par les consommateurs sont nombreuses : translucidité de l’albumen, pureté, couleur, non-brisure des grains, caractéristiques granulométriques, arome, gout frais, riz gonflant après cuisson, …
Il est vrai que certaines de ces exigences sont liées aux activités post-récolte mais la majorité ce sont des caractéristiques intrinsèques de la variété. D’où il faut des variétés répondant à toutes ces caractéristiques.
Recherche-action
Les services de recherche (Institut national d’études et recherches agronomiques, INERA, et autres institutions de recherche) accompagnés du Service national de certification des semences, SENASEM, et de Rikolto ont testé 10 variétés issues du milieu local et du centre de recherche sur le riz du Burundi (IRRI Burundi) : Mugwiza, Kigoma, Gwizimwimbi, Nvuninzara, Komboka, Fashingabo, Makassane, Rukaramu, Yasho-yasho et Thai. Objectif : identifier celles répondant aux exigences des intervenants dans la filière riz.
Les paramètres mis en étude ont été entre autres les caractéristiques agronomiques (taux de reprise, nombre de talles par pied, hauteur des plants, nombre de panicules, d’épillets et de grains, vigueur de plante, résistance des chaumes, acceptation phénotypique, résistance à la pyriculariose, durée du cycle et rendement). À part les caractéristiques agronomiques, les paramètres technologiques ont aussi été étudiés : rendement à l’usinage, taux de brisures, de son, et de balle de riz. À cela s’ajoutent les caractéristiques nutritionnelles (taux de protéines) et sensorielles (couleur, odeur, consistance et gout).
De ce test, 3 variétés ont répondu favorablement aux différents critères de choix : Komboka, Thai et Vuninzara. Ces trois variétés sont passées par la multiplication primaire et secondaire des semences afin d’être diffusées.
Le grand défi reste celui de la gestion à long terme de ces nouvelles variétés. En effet, les riziculteurs n’ont pas encore compris la nécessité d’acheter la semence auprès des agri-multiplicateurs agréés à chaque cycle cultural et espèrent toujours soutirer la semence de leurs productions précédentes. Des sensibilisations sont donc très nécessaires pour lever ce défi.