Au Burkina Faso, les femmes sont très intéressées par l’entrepreneuriat. Le nombre de femmes entrepreneures est presqu’équivalent à celui des hommes. Cependant à l’instar de leurs consœurs des autres pays de l’Afrique de l’Ouest, elles sont en butte à plusieurs obstacles dans la recherche de ressources, notamment financières pour assurer la survie, puis la rentabilité de leurs entreprises.
Hado SEONE, disposer des meilleures chances pour réussir dans l'entrepreneuriat
Hado SEONE, disposer des meilleures chances pour réussir dans l'entrepreneuriat
Hado SEONE, la quarantaine bien entamée, est l’une de ces millions de femmes rurales dans le monde, qui, bien que ne sachant ni lire, ni écrire, se lance chaque jour dans l’entrepreneuriat pour disposer de plus de revenus afin d’améliorer les conditions de vie de leurs familles.
« Avant je vendais des épices et des légumes dans le marché de mon village. Cependant, cette activité n’était pas rentable. J’ai alors décidé de me lancer dans la culture maraichère et d’en faire une entreprise. » relate-t-elle.
Cette mère de deux enfants, originaire d’une localité située à une dizaine de kilomètres de Tenkodogo, le Chef-lieu de la région du Centre – Est du Burkina s’investi pour réussir.
Le Centre – Est est l’une des régions les plus pauvres du Burkina Faso. Trois quarts de sa population habite en zone rurale. Seul un habitant sur quinze (15) sait lire et écrire.
Lorsqu’elle a été confrontée aux premières difficultés dans la culture maraîchère, loin de l’idée d’abandonner et de retourner à son commerce, elle a cherché à les résoudre.
Ainsi, elle n’a pas hésité à s’inscrire au concours lancé par le Projet d’Amélioration de la compétitivité des entreprises rurales et urbaines du Centre-Est et la création d’emplois Décents, Inclusifs et Durables (PACE – DID), dans la catégorie des promoteurs d’entreprises en développement.
Le PACE - DID, un projet qui forme, conseille, accompagne et soutient à la création et au développement d'entreprises
Le PACE – DID est un projet financé par Enabel dans le cadre de son programme d’Appui au développement d’un entrepreneuriat inclusif et durable dans la région du Centre-Est. Ce projet est mis en œuvre par le consortium Rikolto, Trias, SOS – Faim et ses associées Initiatives Tenkodogo et FRA/CES.
A travers ce projet, le consortium et ses associés se sont donnés pour mission de contribuer concrètement à l’amélioration de la compétitivité des entreprises en particulier celles portées par des jeunes, des femmes et des personnes vivant avec un handicap (PVH) dans la région du Centre-Est.
Ce projet est mis en œuvre suivant une stratégie novatrice alliant formation, suivi- coaching et aide à l’installation des entrepreneurs.
Il a ainsi permis le recrutement de 20 promoteurs d’entreprises en développement et de 150 Porteurs d’idées d’entreprises qui ont eu à prendre une part active à une série de formations suivie, à chaque étape, de la sélection de ceux dont les projets d’entreprises sont réalisables et en concordance avec les objectifs du PACE - DID.
Le PACE DID a ainsi permis à Hado de recevoir, pour la première fois, des formations dans le domaine de l’entrepreneuriat.
Un peu déboussolée, illettrée, donc étant de celles qui sollicitait l’aide des experts et agents du PACE – DID pour comprendre et retenir les nouvelles notions enseignées, Hado a pourtant convaincu en réussissant aux évaluations et aux tests organisés après chaque module de formation.
Des besoins matériels à combler pour accélerer le développement de son entreprises
Elle a été des cent (100) entrepreneurs et porteurs d’idées d’entreprises à bénéficier, pendant trois (03) mois, d’un programme pour l’acquisition de connaissance sur les notions de bases de l’entrepreneuriat. Ces notions vont de la gestion comptable et financière, le marketing, l’analyse de marché, le développement de modèles d’affaires inclusifs (BMC), la gestion de la qualité, la gestion de l'entreprise, la recherche de financement, l’élaboration de projet, l’éducation financière, la sensibilisation sur le travail décent, la responsabilité sociale d’entreprise (RSE), la création & la gestion d’entreprise, le développement d’un argumentaire pour vendre ses produits et services.
« Avant de prendre part aux activités du PACE – DID, je ne m’y connaissais pas en comptabilité ; je ne percevais pas les bénéfices que le maraîchage me procure. Les formations sur la gestion comptable, la gestion de l’entreprise m’ont permises d’apprendre à calculer mon chiffre d’affaires et à connaître les bénéfices de mes investissements ». Relate avec fierté, Hado.
Hado a donné un nom à son entreprise, l’entreprise Wendsongre. Elle a pu élaborer, avec l’appui technique d’un prestataire de service, appelé coach, mis à disposition par le PACE – DID, un plan d’affaire. De son avis, cette étape dans la formation – conseil a été bénéfique car elle a pu discuter des difficultés qu’elle rencontre pour faire évoluer ses activités en vue de créer une entreprise véritable.
« A notre avis, la sélection a donné les meilleurs. La particularité a été la forte implication des Services Financiers Décentralisés au processus d’analyse des plans d’affaires reçus. Cela va contribuer à la durabilité des relations entre les SFD et les entrepreneurs »
Convaincue que le plan d’affaires élaboré lui permettra d’assurer la durabilité et d’accroitre la performance de sa micro-entreprise de culture de fruits et de légumes, Hado en a soumis un exemplaire au PACE – DID et a pu monter un dossier pour la demande d’un crédit, auprès d’une institution financière, afin de constituer son fonds de roulement.
Son projet a été au nombre des 40 plans d’affaires sélectionnés suivant un processus rigoureux en trois étapes. Ce processus comprend – l’analyse minutieuse des documents présentés – l’exposé orale au cours duquel chacun des entrepreneurs sélectionnés a défendu son dossier devant un jury constitué de représentants de Services Financiers Décentralisés (SFD), des Services publics tels que les directions des ministères du Commerce, de l’Agriculture… - la visite du lieu d’exploitation par une équipe multipartite.
Ces promoteurs dont les projets ont été retenus, bénéficieront d’une subvention. Cette subvention dont le plafond est de 7 610 €, est donnée en cofinancement ; elle n’est utilisée que pour les investissements devant soutenir le démarrage ou l’accélération des activités des entreprises des porteurs d’idées de projet et des promoteurs.
Les conditions sine qua non que chacun des porteurs d’idées et des promoteurs présélectionnés devront remplir est de disposer d’un apport personnel et d’un crédit acquis auprès d’une SFD.
Pour faciliter la mise en relation entre les entrepreneurs et les SFD, l’équipe du projet a, dès le début du PACE – DID, associé les institutions financières à l’exécution des activités. Les SFD et les différents fonds ont eu à présenter, lors des ateliers, leurs paquets de produits et de services financiers et non financiers ainsi que les conditions d’accès qui y sont liées...
« L’initiative du PACE - DID est la bienvenue. Sur le plan social, il est difficile pour une entreprise d’avoir un accompagnement, [alors que] les entrepreneurs ont eu la formation, le suivi des différentes activités et en plus il y a une relation facilitée entre le PACE - DID et les promoteurs. Sur le volet économique, c’est du gagnant- gagnant. Le PACEDID, GRAINE Sarl gagne et le promoteur gagne » souligne Jocelyne OUEDRAOGO, gestionnaire et responsable par intérim de l’agence Graine SARL à Tenkodogo.
Les 100 entrepreneurs recrutés pour le programme de formation du PACE – DID ont ouvert des comptes d’épargnes dans les institutions de micro finance de la région du Centre – Est (Graine Sarl, RCPB, APFI, AMBF, PAN PANAFICAINE).
L’équipe du PACE – DID a eu la responsabilité d’élaborer et de négocier avec les SFD pour l’établissement de conventions avec certains de ces SFD afin entre autres de permettre aux jeunes entrepreneurs qui auront déjà leurs plans d’affaires finalisés de les soumettre pour étude afin d’obtenir des crédits pour leurs entreprises.
Hado, une vision claire de son avenir dans l'entrepreneuriat
Hado n’a pas hésité à se rapprocher d’une institution financière, GRAINE Sarl, pour contracter un premier crédit, qu’elle a pu éponger. Elle espère pouvoir disposer d’un second crédit de 100 000 CFA avant l’installation de la saison des pluies. « Je vais acheter les intrants de production (semences et engrais chimiques et organiques) avec ce second prêt ». Précise Hado. Retenue à l’issue du concours de sélection de quarante (40) modèles d’affaires les plus prometteurs, elle pourra, avec l’appui – conseil des conseillers du PACE – DID acquérir et installer le puit à grand diamètre doté d’un système de pompage solaire et les grillages dont elle a besoin pour clôturer sa nouvelle exploitation. Elle a une vision claire du plan de développement et de formalisation de son entreprise. Elle fonde ses espoirs sur l’octroi de la subvention qui lui permettra d’acquérir le matériel nécessaire pour enclencher l’ascension de son entreprise. Les bénéfices des premières années lui permettront d’acheter une moto pour la vente de ses fruits et légumes. « Dans cinq ans, j’espère devenir la leader dans la production maraichère de ma commune et étendre mon réseau commercial au-delà de Tenkodogo » dit Hado. Une vision en droite ligne avec l’impact économique que Enabel et les parties prenantes au PACE – DID attendent. Perfectionner et améliorer la productivité et la compétitivité des entreprises déjà existantes. « Je remercie le PACE DID, puisse DIEU leur donner les moyens de nous aider afin que nous aidions nos semblables. » ajoute Hado SEONE.