Cependant, bien que l’agriculture reste le secteur d’activités qui occupe le plus de jeunes au Sénégal, le nombre de juniors qui s’intéressent aux métiers de l’agriculture se réduit. Cela, en dépit des multiples potentialités que semblent offrir le secteur riz. Les exploitations restent dans les mains des personnes âgées car les contraintes récurrentes dans ce secteur rebutent la jeune génération formatée et attirée par l’utilisation de nouvelles techniques dans tous les secteurs de la filière riz. Même lorsque des techniques sont promues, les producteurs s’en approprient faiblement car, souvent ils ne disposent pas des équipements qui leur permettraient d’en tirer tous les bénéfices.
La technique du semis en ligne en est l’un des exemples. Bien que les producteurs soient convaincus de son efficacité en comparaison de la méthode habituelle du semis à la volée, très peu l’applique parce qu’ils ne disposent pas du matériel adéquat leur permettant de tirer les bénéfices de cette technique : « Dans l’application des semis en ligne, on utilise des semoirs et maintenant, pour faire de grandes superficies, c’est un peu compliqué. C’est l’une des raisons pour lesquelles des gens continuent à utiliser la méthode des semis à la volée. » Eexplique Abdoulaye DIALLO, Producteur et Gestionnaire du Centre de granulation d’Urée.
L’insuffisance de rizeries performantes donnant du riz de qualité supérieur et les défis à relever pour une plus grande attractivité du riz local pour les consommateurs nationaux sont de la liste de contraintes qui amènent des jeunes à se réserver de devenir des acteurs dynamiques de la filière riz au Sénégal.
Une grande partie de ces jeunes qui délaissent l’agriculture vont dans les villes, Dakar en particulier, où ils sont comptabilisés au nombre des plus de 200 000 personnes qui, chaque année, entrent dans le marché du travail au Sénégal . Dans les villes, ces jeunes finissent par occuper des emplois précaires ou tentent de rejoindre illégalement d’autres continents.
Pour freiner l’exode rurale et l’émigration clandestine de ces acteurs essentiels pour le développement économique, le gouvernement du Sénégal met en œuvre des politiques de développement agricoles axées sur la professionnalisation et l’employabilité des jeunes dans les filières agricoles, dont celle du Riz. Le gouvernement bénéficie du soutien de ses partenaires financiers et techniques. Le gouvernement belge lui apporte ainsi son appui à travers des programmes de développement dont Rikolto à l’instar d’autres ONG, assurent l’implémentation.
Rikolto contribue à la politique de développement de la filière riz du Sénégal depuis plus de dix ans. L'ONG est ainsi reconnue experte dans le développement d'approches favorisant la collaboration entre les acteurs. Le processus de dialogue multi - acteurs en est une de ces approches qui fait advenir un environnement facilitateur pour le développement des filières, particulièrement de la filière riz au Sénégal.
En mettant en œuvre le programme Riz de 2017 à 2021, Rikolto a contribué au rayonnement des interprofessions du riz.
« Nous essayons de voir, est-ce que les actions que nous menons s’adossent aux stratégies nationales. C’est de voir maintenant comment contribuer à la matérialisation ou à la mise en œuvre de ces stratégies nationales. Déjà, il y a cette prise de conscience, cette volonté politique exprimée par les gouvernements pour faire la promotion de l’agroécologie. Donc, ce que nous faisons, c’est en parfait lien avec les politiques au niveau national, en termes de promotion des produits agroécologies. » précise Mame Birame NDIAYE, Directeur Régional du Programme Riz pour l’Afrique de l’Ouest