Les riziculteurs ouest africains à la reconquête du marché local du riz

Les riziculteurs ouest africains à la reconquête du marché local du riz

Les organisations de riziculteurs du Bénin, Burkina, Mali et Sénégal améliorent leur compétitivité et leurs relations avec le secteur privé et public pour reconquérir des parts plus importantes du marché du riz en Afrique de l'ouest.

Le riz en Afrique de l'Ouest, c’est chaud !

  • Il est devenu la céréale la plus consommée en Afrique de l’Ouest
  • Plus de 5 millions de riziculteurs familiaux cultivent 6 Millions ha
  • La demande en riz croit de 6% par an environ(de 11 Millions de tonnes en 2008/2009 à 15 millions de Tonnes en 2012/2013), avec des consommations annuelles par habitant dépassant les 100 kg dans certains pays;

Le riz, une denrée ultra stratégique en Afrique de l'Ouest !

  • La production locale actuelle ne couvre que ±60% de la demande régionale
  • Les autres 40% des besoins sont couverts par les importations principalement de l’Asie :

Dépendre du marché mondial devient une stratégie risquée et peu durable pour les états ouest africains !

L’Afrique de l’Ouest est la région la plus grande importatrice de riz au monde. Elle consomme à elle seule, 20% des volumes échangés sur le marché mondial, bien que disposant des potentialités pour nourrir sa population. Or, ces volumes ne représentent en moyenne que 7% de la production mondiale. La tentation pour les décideurs de poursuivre avec des politiques alimentaires fortement basées sur l’importation du riz est grande, vu les facilités d’approvisionnement en un riz homogène et bien nettoyé. Cette dépendance de notre approvisionnement en riz du marché mondial est cependant problématique car à la moindre difficulté, les pays producteurs (asiatiques) assureront au préalable la sécurité alimentaire de leurs propres populations. En témoigne la réduction de l’exportation du riz par les pays asiatiques qui a été un élément déclencheur de la flambée des prix en Afrique en 2008.

Les riziculteurs ouest africains peuvent nourrir l'Afrique de l'ouest !

Les perspectives d’accroissement de la production en vue de l’exportation sont peu favorables, non seulement parce que les populations en Asie continuent de croître, mais également à cause de la stagnation des superficies affectées à l’agriculture du fait de l’urbanisation et de l’industrialisation accélérées dans les pays orientaux. A long terme, la sécurité alimentaire en riz de l’Afrique de l’Ouest ne pourra plus dépendre des importations alimentaires. Elle va dépendre grandement des capacités de la sous-région à développer sa propre riziculture – en tenant aussi compte des menaces réelles du changement climatique dans cette partie du monde – ainsi que le marché du riz local.

A mon avis, il est important d’investir dans la chaîne de valeur parce qu’elle est source de création d’emploi pour les jeunes du fait que le marché existe et que les facteurs de production sont disponibles. Au plan macro, l’investissement par les états dans la chaîne de valeur permettra une réduction des pertes de devises ; il faut en effet reconnaître que les importations de riz représentent actuellement environ 5,2 millions de tonnes contre 1,7 millions au début des années 1990.

Mame Birame Ndiaye Chargé de programme riz/point focal pour le bureau régional de l'Afrique de l'Ouest du cluster riz du réseau Rikolto

Objectifs du programme

La finalité de ce programme est que le riz ouest africain devienne plus compétitif en termes de qualité, de prix, de présentation et d'accessibilité et il reconquiert une part plus importante du marché local ouest africain.

Le changement structurel recherché est que les agriculteurs familiaux ouest africains deviennent des entrepreneurs viables et des fournisseurs fiables de riz des marchés urbains et institutionnels de la région, recherchés pour la qualité de leur produit.

Défis à relever

  • Améliorer la qualité du riz produit localement : le riz ouest africain est généralement un riz frais et donc plus nutritif. Toutefois les consommateurs lui reprochent ses nombreuses impuretés (cailloux, résidus de son et balles de riz), sa mauvaise présentation, son faible taux de gonflement et sa présentation,
  • Améliorer la disponibilité du riz sur le marché : s'adapter aux changements climatiques : avec les changements climatiques, les producteurs selon leur zone de résidence peuvent perdre leur production du fait de la sécheresse ou d'inondation; en outre, dans les périmètres irrigués lorsque les producteurs ne respectent pas certaines pratiques culturales, ils contribuent très fortement à la production de gaz nitreux, un gaz qui contribue fortement à l'effet de serre et donc au changement climatique (le riz est reconnu la culture qui contribue le plus en agriculture à l'émission de GES). Les femmes engagées dans la transformation ont jusque là utiliser comme source principale d'énergie, le bois, une ressource qui se raréfie avec les effets des changements climatiques. Des technologies éprouvées qui permettent de réduire la consommation de bois existent et peuvent être valorisées.
  • Maîtriser les coûts de production : la non maîtrise des coûts de production par les acteurs des chaînes de valeur, notamment les producteurs, fait que le prix du riz produit localement est généralement plus élevé que le riz provenant de l'extérieur. En outre cela limite l'amélioration des revenus des producteurs.
  • Renforcer les relations d'affaires entre les acteurs des chaines de valeur du riz dans la région : les mauvaises expériences de relations d'affaires entre les acteurs des chaines de valeur ont eu pour conséquence une crise de confiance ; tant que les acteurs des chaines de valeur du riz ne vont pas mieux collaborer, ils parviendront difficilement à reconquérir leur marché.
  • Connecter ceux qui développent les politiques nationales et régionale en matière de sécurité alimentaire avec ceux qui sont censés les mettre en œuvre et en être les bénéficiaires primaires (les producteurs et productrices, les transformateurs et transformatrices du riz national) : Une politique efficace de développement de la riziculture en Afrique de l'Ouest devrait impérativement faire le lien entre la sécurité alimentaire nationale et la rentabilité de la riziculture au niveau des exploitations familiales. Or, les organisations des riziculteurs sont encore très souvent peu perçues par les états, comme des partenaires à part entière dans le développement de la filière riz. Leur implication dans les transactions commerciales se limite dans bien des cas à la vente de leur riz à une société d’Etat à un prix fixe. Dans les cas les plus graves, les bonnes intentions de l’Etat deviennent des facteurs de nuisance pour les producteurs, ou des facteurs perturbateurs du marché au détriment des producteurs (cas des importations sans prise en compte du disponible local).
  • Améliorer la gouvernance au sein des chaines de valeur du riz dans la région : la situation présentée dans le contexte résulte bien souvent d’une faible concertation entre les acteurs pour créer un environnement propice au développement réel des chaines de valeur du riz ouest africaines.
  • Maîtriser les données statistiques pour mieux répondre aux besoins du marché : les OP ont une faible maîtrise de leurs données maîtrisent très peu leurs statistiques. En conséquence, elles se retrouvent en position de faiblesse lors des négociations avec les décideurs ou les autres acteurs des CVA. Maitriser leurs statisques leur permettrait d'être plus fort dans leur argumentaire lors des négociations.
  • Rendre le sous-secteur du riz attractif aux jeunes

Je suis sûr que la chaîne de valeur du riz a un bel avenir en Afrique de l’Ouest car aujourd’hui il y a quatre piliers qui la soutiennent, notamment; l'engagement fort matérialisé des états et de la CEDEAO en soutien au secteur riz; l’enclenchement d’un processus de professionnalisation des acteurs notamment des producteurs et transformateurs ; l’existence des facteurs de production (terre et eau) ; et l’existence d’un marché garanti.

Mame Birame Ndiaye Chargé de programme riz/point focal Sénégal

Nos stratégies

  • Amélioration de la qualité du riz en fonction des besoins du marché, la présentation (emballage), facilitation de l'accès à des équipements de transformation performants,: appui à la construction de centres d'étuvage et d'unités de décorticage du riz ; appui à la mise à niveau des unités de transformation des OP, à la construction de centres de finition et de distribution ; appui à la mise en place de démarche qualité, facilitation de l'accès à des financements adaptés/appui à la mise en place de mécanismes de financement adaptés,
  • Appui des organisations paysannes pour l'application de techniques de production intelligentes face au changement climatique; appui à l'adaptation et l'application de standards de production durable du riz ; renforcement des capacités de production des agriculteurs familiaux.
  • Renforcement des relations d'affaires entre les acteurs pour relier les bassins de production aux marchés : développement de modèles d'affaires novateurs et inclusifs avec des services intégrés, utilisation d'outils novateurs pour le développement des relations d'affaires (méthodologie link, Sensemaker, Scope Insight)
  • Amélioration de la gouvernance des chaînes de valeur : développement de processus multi acteurs, appui à l'émergence et/ou renforcement d'interprofessions existantes
  • Soutien aux actions de plaidoyer des acteurs pour la création d'un environnement favorable
  • Appui à la maîtrise des données statistiques ;
  • Renforcement des capacités organisationnelles, techniques et de gestion des acteurs en particulier les OP
  • Appui à l'inclusion des jeunes et des femmes
  • Capitalisation et diffusion des résultats en vue de la mise à échelle des pratiques performantes

Zones d'intervention

Le programme régional riz de Rikolto est mis en oeuvre dans quatre pays:

Je suis très fier des réalisations de Rikolto dans ses différents pays d’intervention, restent l’appui au développement de différents modèles pour l’accès au marché des producteurs c’est le cas des achats institutionnels au Burkina et au Mali et la contribution au développement d’un modèle de financement intégré de la FEPROBA au Sénégal.

Mame Birame Ndiaye Chargé de programma riz/point focal Sénégal