Au moment où le Maître de Cérémonie s’apprête à annoncer l’ouverture officielle des travaux pour le plaidoyer sur le riz, un Monsieur, qui tout en se confondant en excuse, dépose au pied du présidium des sacs de riz blanc . Le déroulement de cet atelier semble lui tenir à cœur. Ce Monsieur, Adama SANFO, Président de l’Association Nationale des Commerçants de Riz du Burkina (ANaCoR - BF) confie l'une de ses préoccupations : « La majorité des consommateurs ne connaissent pas le riz du Burkina. Pour certains, le riz du Burkina est cher, et est plein d’impuretés ».
Son observation est confirmée à travers les chiffres officiels. En effet, au Burkina , la consommation de riz blanc est estimée à environ 650 000 tonnes par an contre une disponibilité en riz national décortiqué de 195 000 tonnes. Cette faible quantité peine à s’imposer sur le marché intérieur, ce, à cause de difficultés qui entravent le bon fonctionnement de la chaine de valeur.
« Parmi ces contraintes, on note la faible organisation des acteurs et les difficultés d’accès au marché malgré une demande nationale du riz nettement supérieure à la production nationale, la faible connexion entre l’activité de production et celle de commercialisation de la production nationale du riz au Burkina Faso » souligne Mme Valérie KABORE Elue consulaire représentant le Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Burkina Faso (CCI-BF).à la rencontre.
C’est pour contribuer à résoudre les difficultés au niveau de la chaine de valeur riz du Burkina que Rikolto, en collaboration avec Trias, le bureaux SICAREX, l’Union Nationale des Producteurs de Riz du Burkina (UNPRB) et l’Institut de l’Environnement et de la Recherche Agricole (INERA) se sont réunis en consortium et ont élaboré le projet « Selling quality rice for a better income » QUALIRIZ.
Ce projet financé par AGRA vise à contribuer au renforcement et au soutien à une chaîne de valeur du riz compétitive et inclusive qui augmentera les revenus de 50 000 petits producteurs dans la région du Centre-Est du Burkina Faso.
« Le projet QUALIRIZ s’investit pour un accroissement de la productivité et de la qualité du paddy à travers l’encadrement des producteurs sur des techniques de productions durables et leurs accès à des intrants de qualité, notamment …. en semences certifiées des variétés demandées par le marché. …. AGRA, à travers le projet QUALIRIZ, et en partenariat avec Coris Bank, soutien les transformateurs afin de faciliter la mise à niveau de leurs unités. » souligne Hamado TAPSOBA, Directeur Régional de Rikolto en Afrique de l’Ouest.
Les acteurs du projet ont aussi sollicité la Chambre de Commerce et d'Industrie du Burkina Faso (CCI -BF) à contribuer à QUALIRIZ à travers un accompagnement technique dont l'organisation de plaidoyer pour un meilleur accès du riz du Burkina Faso au marché.
Ainsi le 28 juillet 2021, la CCI- BF a réuni les acteurs de la chaine de valeurs riz pour mener le plaidoyer en vue d’une amélioration de la commercialisation du riz du Burkina. « Cet accompagnement vise à renforcer la collaboration entre les commerçants, d’une part, et d’autres parts, les producteurs et transformateurs du riz. » Précise Mme Valérie KABORE, Vice-Présidente de la CCI- BF.
La tenue de la rencontre est fortement appréciée par les parties prenantes à QUALIRIZ ; Ibrahim KOARA Associé chargé de programme à l’Alliance pour la Révolution Verte en Afrique (AGRA).a exprimé sa satisfaction pour la tenue des travaux de l'atelier.
Ainsi à l’occasion de cette rencontre de plaidoyer, les experts et les différents acteurs ont souligné les évolutions dans la production et la transformation du riz au Burkina Faso.
La Secrétaire Permanente de l’Union Nationale des Producteurs de Riz du Burkina a ainsi confirmé les progrès dans l’adoption de pratiques de production durables telles que celles promues à travers la Sustainable Rice Platform (SRP), car elles renforcent la qualité du riz paddy.
Une étude, publiée par le ministère de l’Agriculture, nous confirme d’ailleurs que le riz produit et transformé par les braves acteurs de la filière est apprécié par près de 71% des consommateurs burkinabè, pour son goût. Un grand nombre de consommateurs jugent à leurs convenances, sa propreté et son volume à la cuisson.
Les améliorations au niveau de la transformation ont aussi été soulignées ainsi que les opportunités de financement qui sont de plus en plus offertes pour permettre aux transformateurs et aux autres acteurs de la chaine de valeurs d’accéder aux ressources financières pour améliorer la rentabilité de leurs entreprises.
Pour les distributeurs de riz burkinabè, la solution c’est de sécuriser le marché « Il faut de la promotion à grande échelle, de la sensibilisation. Il faut que les autorités parlent davantage du riz burkinabè. » souligne Adama SANFO.